Le 6 juillet à minuit (heure italienne), une fusée Ariane 5 a été lancée. fusée Ariane 5 depuis le port spatial de Guyane française. Un moment historique qui met fin à la carrière de ce lanceur lourd qui avait servi à mettre en orbite de nombreux satellites et à initier des missions comme celle du télescope spatial James Webb. Mais cela ouvre aussi une période où l’Europe n’aura pas d’accès direct à l’Espace.
Ce lancement, le 117e, s’est déroulé sans encombre après un premier report dû à un problème technique qui l’a retardé jusqu’au début du mois de juillet. Une fois les vérifications et remplacements nécessaires effectués, la fusée a en effet pu être lancée avec deux satellites à bord (un français et un allemand). Place maintenant au lanceur lourd Ariane 6, qui ne sera toutefois disponible qu’au début de l’année 2024 après plusieurs mois de report.
Nouvelle vidéo du dernier lancement d’Ariane 5
La mission VA261 a quitté le port spatial de Kourou avec à son bord les satellites Heinrich-Hertz-Satellit de l’agence spatiale allemande (en collaboration avec d’autres agences) et Syracuse 4B pour l’armée française. Le premier avait une masse de 3,4 tonnes et le second de 3,57 tonnes. Les satellites se sont séparés de l’étage supérieur après environ une demi-heure pour atteindre leurs orbites finales.
Le premier satellite sera utilisé pour développer et tester de nouvelles technologies de communication par satellite afin d’être prêt pour les scénarios futurs. Le second, quant à lui, est un satellite de communication militaire destiné à soutenir l’armée française dans les airs, sur terre et en mer. Il est doté de technologies avancées, notamment d’une antenne anti-brouillage.
Le compte Twitter du port spatial français a posté une vidéo où l’on peut voir lesAriane 5 pendant les premières phases du décollage depuis un point de vue inhabituel, celui de la tour de lancement (dans un périmètre où aucun humain n’est présent pendant les opérations de lancement). La vidéo en slo-mo nous permet d’apprécier la façon dont le fusée spatiale elle s’éloigne des structures terrestres et se dirige vers l’espace.
Avec le mission VA261 est aussi la fin du propulseur de l’étage supérieur HM7 qui a volé depuis l’époque d’Ariane 1 (avec quelques modifications). Au total, il a volé 228 fois sur une fusée spatiale de la famille Ariane (sans jamais rencontrer de problème). Il sera désormais remplacé par le nouveau moteur Vinci, qui peut être mis à feu plusieurs fois et qui est donc capable de livrer des charges utiles avec plus de précision sur différentes orbites, facilitant ainsi les missions dans les domaines suivants covoiturage. Au total, 91 lancements nominaux consécutifs ont été effectués pour le propulseur Vulcain 2, 117 lancements nominaux consécutifs pour les propulseurs à poudre et 157 lancements nominaux pour le propulseur HM7B de l’étage supérieur.
Initialement Ariane 5 e Ariane 6 devaient se chevaucher afin de doter l’Europe d’un lanceur de charges lourdes fonctionnant sans discontinuité. Le premier lancement devait avoir lieu en 2020, mais après plusieurs retards, il a été officiellement reporté à la fin de 2023 (ou plus probablement au début de 2024).
En raison des nombreuses innovations introduites avec Ariane 6 ou Vega-C, il y aura à l’avenir d’autres missions qui pourraient voler à la place sur le Falcon 9 de SpaceX (outre le télescope spatial Euclid qui aurait pu voler sur un Soyouz russe). Une autre mission pourrait être EarthCARE (surveillance de la Terre) qui devait voler sur Soyouz, puis sur Vega-C et maintenant sur Falcon 9. Certains satellites Galileo pour la géolocalisation voleront également sur la fusée américaine.
ESA a déjà déclaré par le passé qu’elle souhaitait revoir son approche des lancements spatiaux, en ouvrant la possibilité de fusées réutilisables pour accompagner Ariane 6, mais aussi de capsules pour les vols habités. En effet, il s’agit d’un secteur d’importance stratégique d’un point de vue scientifique, politique et militaire, et il ne sera donc pas toujours possible de compter sur d’autres nations et agences (ou sur des entreprises privées) pour mener à bien certaines missions. En outre, il s’agit d’un secteur hautement spécialisé qui se développe rapidement et qui profite également à l’économie. L’ESA et l’Europe font face à un avenir difficile mais ont encore beaucoup à prouver.